Vous avez dit vin rosé ?
L’engouement pour les rosés est tel qu’il m’a semblé nécessaire de leur consacrer un article.
J’ai néanmoins glissé un intrus, un rouge, le Petit Cernin de la maison Wessman !
Exit l’ex mauvaise image du rosé
Pendant de nombreuses années, le vin rosé a eu mauvaise presse et il était considéré comme l’enfant médiocre du sud et sud-ouest de la France. Mais depuis plus de 10 ans, la donne a changé et la qualité des rosés s’est considérablement améliorée de la Provence au Languedoc-Roussillon. Frais pour les beaux jours, facile d’utilisation et de garde au frigo, le rosé est l’apanage des pique-niques, des restaurants en plein air et des pizzerias ; ayant de plus l’avantage d’un prix normalement tout à fait raisonnable. De ce fait et face à la demande croissante des consommateurs de vins plus pâles et légers ; même le Bordelais se positionne sur le rosé !
Comment s’élabore t’il ?
En réalité le vin rosé n’existe pas : seuls les rouges et blancs existent via une couleur liée au mode de fabrication. Tous les raisins propres à être transformés en vins donnent un jus blanc. Pour élaborer un vin rouge, on fait macérer des pellicules de raisins rouges avec des jus blancs. Dès le 3 ème jour, la couleur change. Plus la macération est longue, plus le rosé développe une couleur soutenue ; d’où l’infinie palette de couleurs des vins rosés. L’assemblage de vins blancs et rouges est en principe interdit sauf pour le champagne. Mais face au marché commercial et financier de la vente de rosés et devant la pression de tous les pays européens producteurs, des directives européennes avaient autorisé des mentions telles que ‘rosé par coupage’ et ‘rosé traditionnel’. Et aujourd’hui pour obtenir un vin rosé, on utilise impérativement des raisins noirs et la méthode de pressurage s’apparente à la vinification en blanc en pressant les grappes ; alors que le rosé de saignée s’apparente à la vinification en rouge avec une macération.
Quelques bouteilles
Le Pinot Noir Rosé J. de Villebois 2023
Voilà un rosé de Loire élaboré dans un domaine qui remonte à 1630. Sa robe est corail et ses arômes sont intensément fruités sur la pêche, l’abricot, la cerise et la framboise.
9, 25 € ; www.jdevillebois.fr
Roseblood d’Estoublon 2023
Dans la vallée des Baux de Provence, Estoublon est un domaine connu pour la qualité de ses huiles d’olive avec des variétés telles que picholine, bouteillan, grossane, salonenque, béruguette et koroneiki.
Mais Estoublon est célèbre aussi pour ses rosés dont la bouteille ventrue est iconique. Le millésime 2023 est rose pâle et légèrement orangé. Au nez la cuvée laisse échapper des notes de fruits rouges et de fleurs blanches ; en bouche émergent des notes d’agrumes dévoilées par les 4 cépages réunis : cinsault, rolle, grenache noir, syrah.
Mira Luna 2023 le Coteaux Varois en Provence bio
Beau mariage entre un fringant Cinsault et une belle Syrah pour ce rosé plein de fraîcheur qui respire l’éclat ensoleillé de la Méditerranée.
Sa robe est saumonée et ses arômes flirtent avec gourmandises et fruits rouges pour accompagner des plats épicés, des grillades et des salades.
19 € ; www.mira-luna.com
Et Cae Terra l’AOC Côtes de Provence du Château Barbaneau
L’ouest de l’appellation Côtes de Provence, une situation en altitude à 360 mètres, un château converti au bio dès 2008, un vignoble dynamisé par le couple Tchénio : ainsi se résume le terroir de ce château provençal à l’héritage romain.
Sa cuvée Et Cae Terra rosé est le reflet de cette richesse territoriale qui y produit les 2 cépages de Syrah et Grenache.
Seules quelques 4 000 bouteilles de cette cuvée rose œil de perdrix sont disponibles surtout chez les cavistes et en restauration ou sur le net.
Les fruits rouges et noirs explosent en bouche par leur générosité toutefois bien équilibrée.
Je vous conseille ce vin complexe sur un melon jambon cru, une pavlova aux fruits rouges.
18, 50 € ; www.chateau-barbanau.com
L’AOP Coteaux Varois en Provence Terres Ocrées
3 cépages pour cette cuvée provençale de 2022 : les Grenache, Cinsault et Syrah pour une robe pâle et un bouquet fruité et floral en bouche.
A consommer entre 10 et 12° sur une salade, des poissons.
4, 49 € ; vente en gms chez E. Leclerc
L’IGP pays d’Oc, Domaine de l’Ostal 2023
Créé par Jean Michel Cazes sur un grand terroir languedocien, au pied de la Montagne Noire ; ce domaine est riche en vignes pour 60 hectares et en oliviers pour 25 hectares.
Après une restructuration en haute valeur environnementale, la propriété s’est convertie en agriculture biologique en 2021.
Assemblage à 75 % de Syrah et 25 % de Grenache pour cette cuvée rose pâle aux reflets bleutés. Nez intense et bouquet très fruité sur des notes d’agrumes (orange, pamplemousse) se joignent à une belle longueur en bouche.
A boire sur des carpaccios, des desserts aux fruits rouges.
En 9-10 € ; www.jmcazes.com
Le Mythe d’Amphorie rosé de Despagne
Voilà un plaisir bordelais frais et maîtrisé aux notes de pamplemousse et de fleur de sureau qui se cache sous une robe légèrement argentée.
A noter que cette maison est partenaire de Keep A Breast depuis 2018. Il s’agit d’une association reconnue d’intérêt général dont le but est de sensibiliser les jeunes au cancer du sein et de soutenir les femmes touchées par cette maladie en leur offrant des activités et des soins participant à leur bien-être.
12 € ; www.despagne.fr
Je ne les ai pas goûtés mais l’appellation Bourgueil connue pour ses rouges aromatiques compte 4 % de sa production en vin rosé. Entre autres propositions celles du Domaine des Géléries et de la famille Cognard.
Un intrus parmi ces rosés : Petit Cernin de la Maison Wessman accompagné du Clos des Verdots
La Maison Wessman cherche à honorer son héritage patrimonial tout en explorant de nouveaux horizons du Périgord jusqu’à Limoux.
Le « Clos des Verdots » a été créé dans les années 70 et il est la gamme historique du vignoble des Verdots dont les vins souples et fruités assemblage de Malbec, Cabernet Sauvignon et Mérille, sont à boire jeunes.
Claire et rose poudrée la robe cache un nez expressif sur des notes fleuries, fruitées et surtout très douces.
8, 50 € la bouteille.
Mais c’est la bouteille Petit Cernin 2020 dans son écrin lin qui m’a fait flasher. Voilà une idée inédite de la part de cette maison de vins qui utilise ainsi un écrin en lin.
Cette « green gen bottle » se compose d’une coque alimentaire en rPET, un composite à base de fibres de lin et de résine naturelle. Intégralement produit en France, cet étui limite l’impact carbone.
Attrayant le vin est jeune et intense par sa robe. Dominé par le cassis, la fleur de violette, le poivre noir et le clou de girofle; il exhale un bouquet puissant et épicé sur des tanins bine développés.
Il faut penser à l’aérer et le décanter avant de le servir et de le boire.
19 € la bouteille ; www.maisonwessman-wines.com
En ouverture visuel Istock