Visite de la cristallerie Saint-Louis

En visite la Cristallerie Royale de Saint-Louis est un émerveillement. Pas à pas dans la grande halle de la manufacture.

Vous avez dit verre ou cristal ?

Dans l’Est, à Saint Louis les Bitche en Moselle, on ne parle pas verre ; mais un matériau bien plus noble et complexe à travailler. On évoque le cristal, un verre auquel a été ajouté de l’oxyde de plomb ; ce qui apporte au verre de base beaucoup plus de transparence, de réfraction de la lumière, d’éclat et permet d’ouvrager des pièces de manière bien plus fine et délicate, le cristal étant souple.

Et pourquoi donc le cristal dans ce coin des Vosges du Nord ?

En effet, la région est un creuset de cristalleries (Daum, Lalique, Baccarat, Meisenthal) qui se sont installées là depuis la sédentarisation des verriers nomades du Moyen Age. Les verriers se sont implantés dans ce pays de Bitche car les ressources naturelles nécessaires à la fabrication de leur matière première, le verre, y sont abondantes : le bois des forêts pour alimenter les fours, le sable de silice extrait des cours d’eau, des fougères pour la production de potasse, de l’eau…

Dans la partie muséale un panneau d’outils

A quand remonte l’activité ?

Une toute première verrerie est fondée en 1586 dans ce comté de Bitche qui dépendait alors du Duché de Lorraine ; mais elle disparait lors de la Guerre de Trente Ans. C’est en 1767 que sur ordonnance royale décrétée par Louis XV est autorisé l’installation d’une verrerie baptisée Verrerie Royale de Saint-Louis et celle-ci de percer le secret alors détenu par l’Anglais Georges Ravenscroft de la fabrication du cristal grâce au plomb. La découverte de la formule fait que Saint-Louis devînt la plus grande manufacture du genre en Europe. Et les maîtres-verriers de souffler, tailler, graver, dorer à l’or ou au platine ; créant ainsi un savoir-faire unique au monde.

Taille et gravure sont dans des ateliers dits froids

Une visite est -elle possible ?

Oui tout est accessible au public ; ce qui n’est pas le cas de toutes les cristalleries. Le musée permet une immersion totale dans l’univers Saint-Louis avec quelques 2 000 pièces qui offrent un voyage à travers le temps (4 siècles) et différentes créations artistiques de la coupe en opaline au lustre contemporain en passant par la flûte de champagne dorée à l’or fin. L’intérêt de la grande halle est de pouvoir le travail au cœur même de la manufacture des ateliers à chaud et à froid. Il faut seulement réserver la visite qui a lieu certains jours de la semaine.

Saint-Louis est célèbre pour son travail en doublé avec différentes couleurs

Atelier à chaud, à froid ?

Le travail est réellement magique et on peut voir l’évolution du grain de sable à l’objet qui prend forme : on surplombe les gigantesques fours, on entend le vrombissement permanent du feu et de la matière à fusion, on voit le lent ballet des hommes en complète symbiose les uns avec les autres, l’un pour cueiller la matière, l’autre pour la souffler à la canne, le troisième pour la plonger dans le moule, l’autre qui ajoute à la paraison d’un verre sa jambe et son pied en posant un peu de matière incandescente, l’autre encore qui prend et pose la pièce dans les fours de recuisson lesquels font descendre doucement la température…

Dans ces fours allumés en permanence, la matière est en fusion

Même moins impressionnant le travail à froid pour la taille, la gravure est aussi très minutieux, précis ; révélant un réel artisanat et savoir-faire. Pour pouvoir travailler dans l’un ou l’autre atelier, près de 10 années de formation ont été nécessaires aux quelques 300 ouvriers travaillant sur ce site. Et en les voyant faire, on comprend aisément le prix demandé pour une pièce en cristal, chaque étape de la fabrication ayant été réalisée par des personnes hautement qualifiées, dont certaines sont des MOF.

Quelle spécificité pour Saint-Louis ?

Le cristal haut de gamme avec des modèles iconiques comme le service Trianon, le verre Tommy créé en 1928 en 2 200 pièces pour célébrer l’amitié franco-britannique dans la galerie des glaces du château de Versailles.

Une des caractéristiques de la maison est le travail en doublé : couche de couleur à l’extérieur dans laquelle on coule un cristal transparent afin de procéder à des tailles du cristal de couleur pour faire des jeux de transparence entre les deux matières.

Presse-papier pour l’année du rat

Saint-Louis s’est aussi spécialisé dans la production de presse-papiers. C’était une mode très en vogue de 1840 à la fin du 19 ème siècle qui a repris seulement en 1953 à l’occasion du couronnement d’Elisabeth, reine d’Angleterre. Aujourd’hui la fabrication des sulfures et des presse-papiers occupent pas moins de 5 personnes dont un MOF.

Une production vintage ou contemporaine ?

Appartenant au groupe Hermès, Saint-Louis est très attaché à préserver le patrimoine qu’elle détient et son savoir-faire, gage d’excellence à la française. Mais la maison a pris sans hésiter le tournant du 21 ème siècle en faisant appel à des designers de renom (Noé Duchaufour-Lawrance, Ionna Vautrin, Pierre Charpin…), en se positionnant sur le segment du luminaire (60 % de la production concerne le lustre, le candélabre ; donc le luminaire en règle générale) ; en créant des pièces personnalisées pour des clients très haut de gamme.

Le luminaire représente environ 60 % de l’activité de la cristallerie

 

Manufacture Saint-Louis

Rue Coëtlosquet

57 620 Saint Louis les Bitche

03 87 06 40 04

www.saint-louis.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre article sur le cristal et verre dans l’Est de la France

Le verre dans le Grand Est

 

 

 

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