On marche bien avec des Soulor
Visite en Béarn d’un fabricant de chaussures Le Soulor qui depuis 1925 travaille à la main et est un des derniers ateliers à réaliser du « cousu norvégien ».
Ne me dites pas que toutes les chaussures sont made in Italy ou surtout made in China et Asia.
Ne me dites pas aussi que vous n’avez jamais été déçu par une chaussure de randonnée achetée chez Decathlon ou chez Go Sport.
Car si vous voulez des pompes increvables pour la randonnée, la campagne ou la ville ; je peux vous donner une adresse avec des chaussures comme on en faisait autrefois : sérieuses et costaudes.
Au fond du Béarn, on peut encore rencontrer de vrais fabricants-chausseurs qui font de l’exclusivement fait main, des passionnés qui créent du made in France et même, régionalisme oblige, du made in Béarn.
La renaissance du Soulor est liée à une rencontre fortuite entre deux cadres, l’un Stéphane Bajenoff, un promeneur tombé par hasard sur l’atelier qui a été séduit par l’odeur de cuir et la vue des belles peaux entassées, l’autre Philippe Carrouché, un enfant du pays au patois local qui avait envie de « travailler avec du sens ».
En 2016 ne restait dans l’atelier qu’un ouvrier, Robert, lequel avait de l’or dans les mains avec plus de 35 ans de maison et la possession d’un vrai savoir-faire, dont le cousu norvégien. Laisser ce patrimoine artisanal s’éteindre après 3 générations : impensable. Et voilà nos deux compères qui s’attellent à la tâche dans l’unique but de préserver ce savoir-faire, fabriquer manuellement une chaussure solide et qualitative de bergers, de montagnards, de randonneurs.
Aujourd’hui le travail titanesque des 2 amis commence à produire ses fruits : un carnet de commandes plein pour occuper 10 à 12 personnes dans l’atelier, 2 500 paires de chaussures par an fabriquées et environ 8 par jour, la reconnaissance par leurs pairs avec des matières premières fournies par des EPV régionales tant pour les cuirs que les semelles.
Mais le procédé d’élaboration d’une chaussure de montagne demeure inchangé : 72 pièces et 120 opérations manuelles. Achat des cuirs, découpe des peaux, puzzle de pièces, assemblage des pièces sur forme, montage avec des fils poissés, finition, bichonnage, contrôle avant emballage sont les majeures parties du process. Mais le plus étonnant est de voir une femme coudre à la main selon la technique du cousu norvégien, une double semelle renforcée par du gros fil, une garantie inouïe de solidité et de durabilité.
Rien ne s’est encore modernisé dans l’atelier et malgré quelques cliquetis de machines pour la découpe ou la couture ce sont les doigts qui s’agitent surtout ; chaque employé étant polyvalent et pouvant changer de poste.
Sur une étagère trônent des embauchoirs et des formes bizarroïdes : normal m’explique Philippe Carrouché. Ici chaque chaussure est personnalisable : idéal donc si vous avez un pied plus fort que l’autre, un hallux valgus et autre misère.
Il suffit de bien prendre les mesures de son pied et d’ajouter alors de possibles fantaisies esthétiques, comme le choix et le colori du cuir (grainé, nubuck, tannage végétal, feutre…), la couleur de sa semelle. A vous toutes les divagations sur les modèles iconiques telles que la chaussure de montagne Ossau, la boots courte Villette, la bottine Montparnasse, le derby Club.
Pour cette qualité ‘fait main’ et ce ‘sur-mesure’ les prix sont plus que raisonnables, car la politique de la maison est la vente en ligne surtout et le minimum d’intermédiaires pour ne pas multiplier par 3 le prix du produit final. Les quelques revendeurs ont été sélectionnés pour leur aptitude à reconnaître les valeurs de l’entreprise et la durabilité de la chaussure.
Pour une qualité d’antan avec des vertus XXI ème siècle telles que le respect environnemental et l’engagement économique et social ; Le Soulor s’affirme N° 1 au rayon des chaussures de montagne et de ville. Faire une randonnée avec des Soulor ; c’est avaler la montagne sans effort !
Atelier Le Soulor
25 rue du Maréchal Foch
64 530 Pontacq
05 59 53 50 63
Comptez environ 325 € pour une paire de chaussure de montagne et 2 à 3 mois de délai.
Un autre artisan de la région, Patrice Cantalejo dans le pays basque