Exposition : Voyage sur la route du kisokaido, de Hiroshige à Kuniyoshi
Après sa rénovation le musée Cernuschi nous offre une exposition présentant cent cinquante estampes japonaises dont certaines montrées au public pour la première fois.
Le Kisokaido était l’une des cinq voies qui reliaient Edo (actuelle Tokyo) à Kyoto où résidait l’empereur. Cet itinéraire jalonné de soixante-neuf étapes à travers l’intérieur montagneux du Japon était emprunté par des gens de toutes conditions, du daimyo (gouverneur de province) au marchand en passant par le pèlerin ou le simple touriste.
Au début de l’exposition on peut voir une carte détaillant les étapes et une vidéo montrant l’évolution du paysage de huit relais avec des photographies de l’ère Meiji (1868-1912) et d’aujourd’hui en regard des estampes.
Une première série du Kisokaido signée Eisen et Hiroshige
A noter l’exceptionnelle qualité de tirage de cette série provenant de la collection Georges Leskowicz.
L’éditeur Takenouchi Magohachi enthousiasmé par le succès de la série consacrée aux Cinquante-trois Relais de la route du Tokaido dessinée par Hiroshige et publiée vers 1833-1834 confiera les dessins de cette série du Kisokaido à Eisen et Hiroshige.
Keisai Eisen (1790-1848) est renommé pour être un fin observateur de la nature mais il est aussi sensible aux activités humaines qu’il insère dans ses paysages.
Utagawa Hiroshige (1797-1858) qui a voyagé sur cette route en prenant des croquis nous fait ressentir la pluie qui tombe (relais n°46) comme le silence des pas dans la neige (relais n°47).
Le processus de fabrication d’une estampe
Il est expliqué au moyen d’une vidéo mettant en scène un imprimeur qui réalise l’œuvre finale en appliquant les couleurs voulues par l’artiste. Si l’on ne retient souvent que le nom du dessinateur, il ne faut pas oublier que l’estampe japonaise est le fruit d’un travail d’équipe. L’éditeur à l’origine du projet choisit le sujet et le peintre. Ce dernier confie son dessin au graveur qui reporte le dessin sur une planche en bois de cerisier, creusant autant de plaques de bois qu’il y a de couleurs, quatorze, quinze. Ces planches sont enfin confiées à l’imprimeur comme on le voit sur la vidéo.
Les noms et les sceaux de ces artisans-artistes figurent en général sur l’estampe.
La série de Kunisada
Celle-ci en provenance du Museum of Fine Arts de Boston n’a pu être présentée en raison de la crise sanitaire et est remplacée par un dispositif numérique.
Utagawa Kunisada (1786-1865) met en scène des personnages du théâtre kabuki, chacun étant associé à une station de la Route, le paysage étant en arrière-plan. L’association entre le lieu et l’acteur est un véritable jeu de devinettes, seulement suggérée par un jeu de mots ou par la présence d’un accessoire.
Le Kisokaido de Kuniyoshi
Il est abordé de manière très personnelle, nourri de multiples inspirations : le théâtre de marionnettes, le no et le kabuki mais aussi les légendes du folklore japonais avec ses fantômes, ses courtisanes et ses samouraïs…
Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), un des maîtres les plus singuliers et les plus prolifiques, aurait livré jusqu’à trois dessins par jour ! Les éléments de paysage sont souvent le fruit de son imagination et non de l’observation. Ils sont inscrits dans un encadré en haut de l’estampe et le rapprochement avec le personnage principal est souvent fait par un jeu de mots comme pour les estampes de Kunisada.
Ces estampes, provenant de la collection d’Henri Cernuschi ont fait l’objet d’une restauration récente et sont exposées pour la première fois.
Une sélection d’objets d’art
Certains objets d’art peuvent être aperçus dans certaines estampes ; c’est ainsi là l’occasion de les présenter tout au long du parcours. Alors que les objets dessinés dans les estampes sont d’usage quotidien, ceux que vous pourrez voir sont d’un raffinement extrême et nous plongent dans l’univers de l’époque d’Edo.
Musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez
75 008 Paris
Du 16 octobre 2020 au 17 janvier 2021
Visuels fournis par le musée Cernuschi, des prêts de la collection Georges Leskowicz et des collections privées.
Texte d’ Anne L N