Couteau, objet du désir
A Thiers, le couteau révèle que cet instrument est un réel objet du désir.
En Allemagne, HORL propose un tranchant pour l’aiguiser.
Un outil usuel et pratique devenu oeuvre d’art, le couteau est pourtant l’objet par excellence qui laisse libre court à l’imagination de ses créateurs. Ces derniers en faisant preuve d’une ingéniosité artistique toujours renouvelée, alimentent la passion des collectionneurs, ces « cutelluphilistes » qui sont très nombreux, comme en témoigne le succès des salons couteliers. Récemment, ils étaient plusieurs milliers de visiteurs à La Monnerie-Le Montel, dans le Puy de Dôme, un petit bourg proche de Thiers, la capitale coutelière, où la tradition de fabriquer des lames est ancrée dans la région depuis… 800 ans.
Réunis par l’association « Les vieilles lames » (une dizaine d’anciens couteliers soucieux de préserver le patrimoine et qui entretiennent un petit musée de machines anciennes) les 110 exposants venus de toute la France étaient très entourés, par des curieux, des amateurs et des passionnés au point de se laisser séduire par de très belles pièces. « Je ne fais que des pièces uniques. J’apporte un soin tout particulier à la finition, aux ajustements des mécanismes avec des tolérance proches du 100è de mm » explique Claude Giraud, heureux lauréat de ce salon. Installé à Droiturier dans l’Allier, il a séduit le jury avec son couteau fermant en acier inox marine sculpté et doté d’incrustations de nacre noire de Polynésie. Ce couteau d’art, bien qu’à 2500 € a trouvé preneur dès le premier jour du salon auprès d’un professionnel de la coutellerie qui sait pouvoir le revendre plus cher.
« Les gens achètent soit sur un coup de coeur pour mettre dans une vitrine, soit des couteaux dont ils savent qu’ils vont prendre de la valeur » explique un connaisseur du milieu. Le couteau d’art est donc devenu un investissement. Ainsi Patrick Durand,,collectionneur passionné venu de Compiègne pour donner un coup de main à l’organisation, a tout de suite fait le tour des stands et repérer une ou deux pièces. « Je prends celui-là » en montrant un joli « canif » avec un beau manche en bois de fer à 450 €. « Vous en achetez beaucoup ? ». « J’achète mais je revends aussi » explique notre collectionneur qui s’est construit son propre atelier. Nombre de passionnés veulent aussi fabriquer: « J’aime faire des couteaux, j’ai fait des stages avec Bernard Arthaud (ndlr : président du salon) et je me suis équipé petit à petit. Une démarche que partage Patrick Guillermet qui pose fièrement devant une douzaine de couteaux très originaux et très travaillés dont plusieurs avec des lames damassées, le nec plus ultra d’une pièce de collection. Sa carte mentionne « forgeron-coutelier », mais l’homme a des mains bien fines pour un forgeron… Et pour cause, il était chirurgien jusqu’en 2017 ! « J’ai voulu apprendre un nouveau métier pour ma retraite et j’aime les instruments qui sont le prolongement de notre main. Alors j’ai fait un stage pour maîtriser la forge et j’ai pris le virus » dit-il dans un grand sourire. « J’ai plus de plaisir à fabriquer les couteaux qu’à les vendre » avoue l’ancien chirurgien qui, pour rester fidèle à sa profession a créé une pièce unique. L’artisan nous montre un magnifique « bistouri à la royale », une copie conforme à celui inventé par Felix de Tassy en 1686 pour opérer Louis XIV de sa fistule qui l’a fait souffrir pendant un an et dont l’opération, sans anesthésie, a été réussie.
Cette anecdote illustre un des aspects de la démarche du collectionneur. Il s’intéresse en général à l’histoire, à l’origine et aux matières utilisées pour le couteau. Ainsi, les manches en ivoire de Mamouth, de par leur symbolique éternelle, sont très prisés comme le bois de fer. Il y a d’ailleurs toujours parmi les fournisseurs, un revendeur de corne de zébu, de buffle ou de cerf et d’ivoire de morse ou de molaires de mamouth dans les salons…
D’où aussi, le succès du couteau LE THIERS°, un modèle qui se décline en plus de 600 interprétations validées par la Confrérie. Il a été créé en 1994, certes, bien tardivement par les artisans de la capitale coutelière à l’initiative de l’un des leurs, Jean-Pierre Treille. Il s’est vite imposé comme un « must » incontournable à toute collection. « Leaders du secteur depuis 800 ans, nous fabriquions les couteaux de toutes la France, mais nous n’avions pas notre modèle propre et nous avons été pendant longtemps les Chinois du secteur » explique Dominique Chambriard, président de la Confrérie. En réparant cette « négligence », il y a 30 ans, les acteurs de la région ont réimposé leur statut de premiers couteliers de France, avec une dimension artisans d’art qui fait leur succès dans les salons comme sur internet.
Patricia-M. Colmant
Et un aiguisoir d’exception avec HORL 2
Couteaux classiques de cuisine, couteaux à découper et / ou à trancher finement, couteaux spécifiques japonais : l’important est qu’ils tranchent parfaitement.
J’ai rencontré une entreprise familiale allemande, HORL 2, où père et fils travaillent de concert pour la technicité et le design de leur tranchant d’exception. La conception a lieu à Fribourg en Brisgau et la fabrication en Forêt Noire. La finalité du produit : aiguiser et émorfiler la lame de tout couteau ( supprimer le morfil et de bien lisser le fil de la lame).
Ils ont donc conçu un rouleau avec d’un côté une surface d’aiguisage en diamant et de l’autre une surface d’émorfilage en céramique. A ce rouleau s’ajoute une pièce de bois en chêne ou noyer avec un angle à 20° pour un tranchant stable et un angle à 15 ° pour un tranchant filigrane. Magnétique, ce support maintient fortement le couteau et on peut alors faire glisser le rouleau sur la lame pour le rendre plus tranchant.
En moins de 5 minutes votre couteau est ainsi réaffûté. A vous les tartares, carpaccios, et ceviches qui nécessitent des tranches de grances de belle finesse.
Mais attention aux doigts lors de la manipulation !!!!
159 € ; www.horl.com
Marie Laure de Vienne