Clap de fin pour La Grande Odyssée VVF
La journaliste Patricia Colmant a suivi la 20 ème édition de la Grande Odyssée VVF. Elle nous conte les derniers jours, le vainqueur sur le podium.
Pour sa 20è édition, la Grande Odyssée VVF a, une fois encore, était au rendez-vous des attentes des concurrents musheurs et des dizaines de milliers de spectateurs massés le long du parcours à travers la Haute-Savoie, la Savoie et l’Isère. Tous ont apprécié la qualité de cette course de chiens de traineau et la beauté du spectacle enthousiasmant. Parvenant à composer avec les aléas climatiques, l’organisation a offert à la vingtaine de mushers au départ de l’épreuve principale ainsi qu’à la trentaine de participants aux trois trophées de trois étapes, proposés sur les 13 jours de courses, une confrontation de haut niveau. « C’est ce que l’on est venu chercher et suis très fier d’être le premier norvégien à gagner cette grande course européenne » a déclaré Hans Lindahl qui a dominé la course de bout en bout. Il s’est emparé du maillot de leader dès le premier jour, à Megève qui accueillait le prologue et la première étape à la Cote 2000. Venu des environs d’Oslo, avec sa fille Maren comme handleuse c’est-à-dire assistante pour les soins aux chiens, Hans Lindahl est un musheur reconnu dans son pays. C’était sa seconde participation à la Grande Odyssee VVF. Mais il a décidé, avec cette belle victoire, d’arrêter à 58 ans, la pratique de sa passion. « J’irai à la pêche, ma femme sera contente » nous lance-t-il dans un sourire.
Ce succès est d’autant plus mérité que lors de la 7è étape de Bessans- Bonneval au col du mont Cenis, son traîneau a dérapé, s’est couché entrainant le décrochage d’une de ses deux ancres (elles permettent au musheur d’arrimer l’attelage dans la neige lorsqu’il doit arrêter sa course pour intervenir auprès de ses chiens). Elle est partie en l’air avant de retomber sur sa cuisse et s’enfoncer dans la chair ! Malgré la douleur, le Norvégien a réussi à maîtriser ses huit chiens et finir cette étape de 48 km. A son arrivée, il a rapidement été pris en charge par l’organisation et emmené chez un médecin qui lui a fait 7 points de sutures. Le lendemain matin, il était au départ « un peu fiévreux » …. Ce handicap a permis à l’Espagnol Iker Ozkoidi, son challenger, de remporter l’étape du jour devant la française Elsa Borgey qui a tout au long de cette 20 è édition, été toujours dans le peloton de tête devant sa jeune compatriote Cindy Duport. Ce jour-là, Hans Lindahl a terminé 3ème, son moins bon résultat…
Rappelons que cette course est calculée au temps cumulé de chaque étape et que les départs sont donnés à chaque musheur, de deux en deux minutes, le meilleur classé de la veille partant le dernier. Cela permet de resserrer les arrivées et n’empêche pas les attelages les plus rapides de doubler les plus lents sur le trail.
Si sur le papier, chaque étape de cette course tourne autour des 30 km, les conditions climatiques ont contraint les organisateurs à en raccourcir plusieurs, parfois de moitié. Néanmoins, les musheurs ont été chaque jour au rendez-vous du public et des attentes des stations de montagne fidèles à cet événement de janvier. Pour nous qui avons suivi de bout en bout cette très belle épreuve courue sur 13 jours par, au total, 600 chiens, les deux étapes en Haute-Maurienne-Vanoise sont les plus belles. Il faut vivre l’excitation des attelages lors du départ en ligne des musheurs depuis l’espace nordique de Bessans et l’arrivée de nuit au col du Mont-Cenis ( 2083 m) suivi du bivouac sous tente en autonomie avec leurs chiens par -15°; ce sont des moments magiques. Ils font partie des plus beaux temps forts de cette course unique. D’autant que le lendemain les concurrents ont fait, dans un froid glacial, une partie du tour du lac du Mont Cenis offrant un paysage et une atmosphère polaires. L’eau gelée du barrage EDF scintillait sous le soleil matinal donnant à la Grande Odyssée VVF des airs de grande épreuve scandinave ou nord-américaine. Un spectacle vraiment unique à l’image de cette course exceptionnelle.
Rendez-vous est déjà pris pour la 20è année en janvier 2025.
Patricia M. Colmant
Visuels fournis par le service presse de La Grande Odyssée (Diacre, Repellin)
et l’article du début de la course