Chapelle impériale, église orthodoxe : connaissez-vous ces inédits lieux de spiritualité à Biarritz ?
De passage à Biarritz, j’ai pu voir les deux trésors spirituels de Biarritz, la Chapelle Impériale de l’Impératrice Eugénie et l’église orthodoxe.
Visite pleine d’émotions dans ces lieux chargés d’histoire et de spiritualité.
La chapelle d’Eugénie de Montijo
Cette petite église est excentrée par rapport à la villa Eugénie (l’Hôtel du Palais) et à l’écart des flux de vacanciers et touristes qui arpentent plages et rocher de la Vierge ; d’où son charme. Alors si vous êtes dans les parages un 12 décembre, un 9 janvier, un 1 er juin ou un 11 juillet, n’hésitez pas à entrer pour l’une des 4 messes de l’année qui y est donnée.
Dédiée à la vierge noire mexicaine Notre-Dame de Guadalupe, cette chapelle classée Monument Historique en 1981 fut bâtie en 1864 à la demande de l’Impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III et inaugurée en septembre 1865.
A l’époque de l’impératrice, la chapelle entourée d’un parc était reliée directement au Palais ; mais lotissement et spéculation immobilière n’ont pas permis de garder ce lien entre église et Palais.
C’est l’ami d’Eugénie de Montijo, Prosper Mérimée alors conservateur des monuments historiques, qui conseille l’impératrice dans le choix de l’architecte, Emile Boeswillwald, un disciple de Viollet-le-Duc.
Déroutant dans son style romano-russo-hispano-byzantin, la construction révèle néanmoins une certaine unité : briques rouges, frises en pierres blanches et carreaux de faïence à l’extérieur ; azulejos d’Andalousie rappelant la naissance à Grenade de l’impératrice, plafond à caissons vermillon et or, motifs Empire tels qu’abeille et aigle, ornementations florales de roses mettant en valeur le monogramme NE du couple, etc…
Mais pourquoi donc l’impératrice a t’elle dédiée cette chapelle à la Vierge noire mexicaine Notre Dame de Guadalupe ? Peu avant la construction de l’église, l’empereur Napoléon III s’était vu remettre des trophées prix aux Mexicains. En mémoire du succès des troupes françaises au Mexique et en gage de futures réussites militaires, l’impératrice Eugénie promit d’élever dans sa propriété une chapelle consacrée à cette sainte patronne du Mexique.
Bien entretenu par la ville un petit jardin avec le buste d’Eugénie complète cet havre de paix.
Visites commentées certains jours de la semaine en se renseignant à l’office de tourisme au 1 square d’Ixelles 64 200 Biarritz, 05 59 22 37 10.
L’église orthodoxe
Elle se mérite cette merveilleuse église (hélas fort abîmée aujourd’hui), car elle n’est ouverte au public qu’en week-end, les samedis et dimanches de 15 h 30 à 18 h, parfois les jeudis aussi.
Pourtant la ferveur des quelques fidèles présents, l’odeur douce et cireuse des bâtonnets jaune moutarde qui se consument, les chants psalmodiés ne peuvent que vous émouvoir, vous entraîner vers le spirituel.
Baignée par la lumière du soleil couchant et toute proche du Palais de Biarritz, l’église ne révèle plus l’or et le bleu d’antan de ses deux coupoles byzantines ; mais elle témoigne de l’importance de la communauté russe dans le Sud-Ouest. Dès le XIX ème l’aristocratie russe attirée par la douceur du climat et la présence du couple impérial s’installe à Biarritz qui devient après Paris et Nice le 3 ème lieu de villégiature d’une colonie russe.
Après la chute de Napoléon III, le gouvernement anti-clérical refuse l’autorisation d’une église russe à Biarritz. On installe provisoirement dans un des salons de la Villa Eugénie une chapelle : elle est consacrée en 1887 avec son iconostase et ses objets de culte qui provenaient de Saint Pétersbourg. Très vite cette chapelle s’avère trop petite pour ses fidèles et il faut attendre l’intervention du tsar Alexandre III et le dévouement d’un aumônier pour obtenir un terrain en face de la Villa et y construire une église qui sera inaugurée en 1892. Bien sûr la révolution d’octobre 1917 fait que la colonie russe augmente considérablement.
Des galas de bienfaisance permettent de faire face aux frais d’entretien jusque dans les années 1930 ; ce qui est bien difficile aujourd’hui. Malgré des dons du monde entier et une contribution de Soljenitsine, ce patrimoine est en péril et le projet de restauration est soutenu par la Mission Stéphane Bern 2019. Le plafond, les vitraux ont été endommagés par la tempête de 2014 ; de nombreuses fissures apparaissent, les cheminées sur le toit menacent de s’effondrer et les coupoles en plomb et en zinc présentent une corrosion néfaste. Classée Monument Historique en 2016, l’église de la Protection de la Mère de Dieu et de Saint-Alexandre de la Néva attend des soutiens financiers. C’est là un vrai monument en péril à sauver !
L’intérieur de la chapelle réside dans la beauté de l’iconostase en chêne sculpté et des nombreuses icônes accrochées aux murs.
Possibilité de visites au 05 59 24 16 74.
www.pays-basque.tourisme64.com