Quelle ambiance sur les villes-étapes du Tour !
Autour de Clermont-Ferrand la journaliste Patricia M. Colmant a suivi plusieurs étapes du Tour de France 2023 et en particulier les départs.
Assurément une ambiance inouïe qu’elle nous raconte.
Si vous avez besoin d’un bon bol de gaité, de positivisme, de détente bon enfant ; si vous avez envie de voir des gens souriants enthousiastes et émerveillés d’être si proches de leurs champions ; rien de mieux que de se plonger dans une étape du Tour de France à vélo. Cette atmosphère joyeuse est partagée par tous, depuis la caravane qui à chaque ville étape est regroupée, avant le départ sur une grande place de la ville jusqu’aux équipes, aux organisateurs et aux milliers de spectateurs venus de France et d’ailleurs.
Le matin avant 11 h chacun peut faire le tour des voitures customisées aux couleurs d’un sponsor : la petite vache souriante du département de Saône-et-Loire, le coq rougeaud noyé dans ses grosses plumes blanches des volailles Le Gaulois, le camion de lessive qui déborde de tous côtés ou les silhouettes d’Astérix et d’Obélix qui remportent un grand succès. Les pompiers et la gendarmerie, si souvent malmenés, ne boudent pas leur plaisir d’être franchement applaudis. Cette caravane est à la fois kitch et charmante avec tous ces jeunes qui, trois semaines durant, bichonnent les véhicules, sourient à tout le monde, préparent avant le départ, les caisses de goodies, les sachets de mini saucissons de Cochonou, de dragibus d’Haribo ou fioles d’huile d’olive de Puget qu’ils lanceront dans la journée aux spectateurs de bord de route. Ils vont d’une voiture à l’autre, s’échangent des gadgets et se donnent rendez-vous pour la soirée qui sera longue malgré la fatigue de la journée, en plein soleil ou sous la pluie.
L’idéal est d’être invité par un partenaire et de déambuler la matinée au village du Tour. C’est « open bar » : petits sandwichs et bouchées gourmandes offerts par les producteurs locaux ; à Clermont, sur la place de Jaude, les stands étaient généreux avec le Saint-Nectaire et les spécialités persillées, Fourme et Bleu d’Auvergne. D’élégants jeunes serveurs traversent la foule, un plateau couvert d’amuse-gueules tandis que des jeunes filles derrière un bar proposent à volonté eaux et boissons à chacun. Une occasion de partager un verre et quelques mots avec Bernard Thévenet, très en forme, vainqueur des éditions 1975 et 1977. L’ambiance est conviviale, les tentes des partenaires ne sont pas avares de petits cadeaux avec les passants jusqu’à l’heure très attendue de la présentation des équipes sur la grande estrade de remise des prix. Ce jour-là, la silhouette guerrière de Vercingétorix qui domine la place invite les coureurs à tout donner.
Le cycliste professionnel est généreux et se prête volontiers, à moins d’une heure du départ, à ce passage obligé qui permet aux spectateurs d’applaudir les cadors de l’épreuve et leurs co-équipiers. Salve d’applaudissements pour le Danois, Jonas Vingegaard, maillot jaune et le Slovène Tadej Pogacar son jeune rival. Mais à l’applaudimètre, les décibels montent d’un cran quand Julian Alaphilippe, puis Thibaut Pinot et Romain Bardet, le régional de l’étape, lèvent les bras pour saluer. Un quart d’heure avant le départ, ces mêmes champions répondent très sereins, vélo entre les jambes, aux interview, avant de se regrouper « collés-serrés » sur le boulevard, d’où le coup de sifflet va être donné.
Le public, qui attend depuis 38 ans qu’un Français s’illustre sur les Champs Elysées, n’est pas trop sévère avec ses coureurs nationaux qui, chaque jour, le font rêver à quelque échappée tricolore victorieuse, lui font espérer une issue glorieuse que seul Victor Lafay lui a offert cette année dans la 2è étape, moins d’une semaine avant l’arrivée. Il se console avec ses vieilles gloires : 36 victoires depuis la création de la Grande boucle. Finie l’époque des Anquetil, Pignon ou Hinault, mais le Tour est la plus belle course cycliste au monde. Cocorico !
Patricia -M.Colmant