La fête du Tour de France est de retour
La journaliste Patricia-M. Colmant nous fait vivre quelques boucles du fameux Tour de France : une fête pour tous les sportifs et non-sportifs.
Le long ruban joyeux et chamarré qui serpente sur les routes de France et illumine, en juillet, le jaune paille des champs de blé est de retour. Cela fait 120 ans que le Tour de France cycliste existe, égaye la France rurale, distrait les bourgs et les villes moyennes et son succès populaire ne s’est jamais démenti. Partie, ce samedi 1er juillet de Bilbao (Pays-Basque espagnol) la caravane du Tour, c’est une source de joie, c’est une antidote à la morosité du pays. Le spectacle du défilé de ces 176 cyclistes affutés, de ces sportifs au mental d’acier, accrochés à leur guidon avec la détermination visible sur leur visage de gagner secondes et mètres sur les concurrents est une ode à la ténacité, à l’effort, à l’endurance, à la volonté. Cet événement sportif unique a quelque chose de sublime qui galvanise autant les coureurs que les dizaines de milliers de spectateurs. Ils se massent le long des 3 406 km faisant fi du soleil, de la pluie ou du vent, pique-niquent au bord d’un lacet départemental, forment une haie d’honneur en haut d’un des multiples cols en hurlant leurs encouragements à des hommes épuisés par des kilomètres d’ascension à 8 ou 10% et qui, portés par cet élan populaire, trouvent les ressources d’aller au-delà d’eux-mêmes.
Cette année, la course traverse le coeur de la France. Elle compte 21 étapes dont 8 à travers les 5 massifs de l’Hexagone et « sera la plus montagneuse de l’histoire » a annoncé Christian Prudhomme le directeur de cette épreuve si magique qu’elle est diffusée dans 190 pays. Sur les 22 équipes participantes, seulement 5 sont Françaises mais 32 coureurs français sont au départ. Depuis 1985, dernière et 5è victoire de Bernard Hinault, plus aucun coureur tricolore n’a gagné le Tour et l’actuel détenteur est le jeune modeste et sympathique danois Jonas Vingegaard.
Les grands moments de cette édition, en dehors de la traditionnelle arrivée sur les Champs-Elysées, le 23 juillet, sont les 4 arrivées en altitude dont Cauterets-Cambasque, le 6 juillet dans les Pyrénées ou le Puy de Dôme dans le Massif Central, le 9 juillet dont l’attaque en 1964 de Raymond Poulidor, rattrapé par Jacques Anquetil sur les dernières centaines de mètres est restée dans la mémoire de tous les amoureux du Tour. C’est là que l’éternel 2è du Tour a perdu la vraie chance de gagner l’épreuve.
A noter que le peloton devra franchir, près de Courchevel, le col de la Loze à 2304 m d’altitude et que l’épreuve des 22 km contre-la-montre se disputera en Haute-Savoie entre Passy et Combloux. Une première.
Le tracé de cette 110è édition renoue avec les racines rurales de l’épreuve créée en 1903 par un journal… consacré à la voiture. L’AUTO cherchait un moyen de se relancer. Il a créé une épreuve dantesque, tout de suite adoptée par cette France périphérique appréciant que l’évènement vienne aux villages. A l’époque le Tour c’était plus de 5000 km, sur des routes souvent en terre avec des vélos lourds et raides sans changement de vitesse, sans aucun soutien extérieur au point qu’en 1913, Eugène Christophe, alors en tête, cassant sa fourche, trouva une forge et ressouda lui-même la pièce avant de reprendre la course ! Ce n’est qu’après la grande guerre en 1919 que fut créé le maillot jaune qui, un siècle plus tard, fait encore rêver des milliers de jeunes futurs forçats du bitume.
Patricia-M. Colmant
Visuel de C.Lopez