La marqueterie Spindler
En Alsace, Spindler est synonyme de marqueterie d’art.
Rencontre avec Jean-Charles Spindler, 3 ème génération de cet artisanat bien vivant et enraciné dans la vie culturelle locale.
Rien ne prévalait Charles Spindler à devenir ainsi l’inventeur du tableau de marqueterie d’art un siècle après celle nettement plus connue de marqueterie pour les meubles des XVII et XVIII ème siècles. Enfant lors de la guerre de 1870 il devient par la force de l’Histoire allemand, est très influencé par les cultures française et rhénane-allemande des artistes français et allemands présents sur le sol alsacien, devient artiste-peintre. Dans les années 1890, l’Art Nouveau connaît un essor formidable. Pour créer un pendant à l’Ecole de Nancy, Charles Spindler crée une revue de décoration en liaison avec des artistes et des littéraires influents de cet Art Nouveau ; il s’enflamme pour le bois en réalisant des meubles en marqueterie présentés aux diverses expositions internationales de Paris, Dresde, Turin, Saint Louis aux USA. C’est le début d’un engouement pour le mobilier, mais surtout pour les tableaux de marqueterie des paysages et des scènes de vie locales. Les Alsaciens s’éprennent des pièces d’art de cet artiste qui sait si bien reproduire les vignobles, les places de village, les danses et costumes traditionnels de leur pays. Et les étrangers de se passionner pour ces œuvres synonymes des traditions de cette région si à part dans l’Hexagone français.
Et Jean-Charles Spindler de me dire que face à ce succès les concurrents ont été nombreux à se lancer dans la production et que chaque tableau en marqueterie même non sorti de l’atelier de Boersch était appelé un Spindler. Comme pour certains produits (mais nettement moins nobles), Spindler est devenu synonyme de marque. A la reprise en 1975 de l’atelier et à l’héritage des travaux de ses grand-père et père, Jean-Charles Spindler est lui aussi pris par le virus du bois et il se décide à poursuivre l’aventure. Mais il insuffle un air novateur avec des pièces bien plus abstraites. Des spirales, des formes ultra allongées comme des troncs d’arbres, des partitions musicales : chacun peut interpréter comme bon lui semble l’œuvre.
Néanmoins le travail de la marqueterie reste le même : l’artiste commence par un dessin. Il connaît sa bibliothèque d’essences, la palette de l’atelier qu’il a en sa possession, autant de fines tranches de bois en longueur obtenues des arbres grâce à une dérouleuse. Chaque élément du motif est découpé et collé sur une fine lamelle de bois de placage et l’œil de l’artiste doit combiner les couleurs et formes des essences en fonction du dessin pour trouver la pièce appropriée aux contours. Après la découpe, les pièces sont assemblées sur un support rigide pour recomposer le motif du dessin.
Hêtre, platane, merisier, chêne, noyer, tulipier, marronnier, sycomore, tilleul…. L’Alsace étant riche en différentes essences d’arbres, Jean Charles Spindler peut jouer à l’infini avec les bois. Au final des tableaux où l’œil non averti ne peut même pas imaginer qu’il s’agit de bois et d’une marqueterie en bois. Il croit à un tableau peint ; ce qui vaut à cet atelier d’être sollicité par des grands noms de l’industrie pour des halls d’entreprise, des Américains ou Français pour la décoration de leurs bateaux, des oligarques pour l’intérieur de leurs habitations. Et l’atelier de fonctionner à 4, 5 personnes selon les commandes du monde entier avec des jeunes ayant été formé par les écoles Boulle et Revel.
Passez voir l’atelier de Saint Léonard près d’Obernai ; la galerie qui n’est pas un musée est ouverte sur rendez- vous afin que les artistes puissent travailler. C’est un ravissement pour les yeux, d’autant que le lieu se loge dans un charmant hameau qui architecturalement parlant vous transporte au cœur de l’Alsace.
Marqueterie d’Art Spindler
3 cour du Chapitre – Saint – Léonard
67 530 Boersch
03 88 95 80 17
Un autre article sur la région